Chapitre 24
_______________________
Après le départ de Delores, je prends ma serviette et je me dirige vers la porte. J'ai rendez-vous avec le type qui écrit dans le ciel. Il me reste à trouver comment amener Kate sur le toit. En parlant de Kate, d'ailleurs...
Vous voulez jeter un coup d'½il vers son bureau en sortant ? Pour voir comment cela se passe entre elle et cette bonne s½ur ?
Sa porte est ouverte. Je m'appuie sur le cadre de la porte et je me penche. Vous la voyez entre les ballons ? Elle est assise à son bureau, les mains croisées posées à plat, un sourire collé sur son visage tandis qu'elle hoche docilement la tête en écoutant ce que lui dit s½ur Beatrice.
– Mesdames, comment allez-vous cet après-midi ? Kate se tourne vers moi. Sa voix est tendue.
– Zayn, te voici. Je pensais justement à toi en écoutant s½ur Beatrice me raconter l'histoire fascinante des maisons de verre. Et comment ceux d'entre nous qui y vivent ne devraient pas jeter de pierres.
À la façon dont elle serre les mains, elle devait sans doute penser à la façon dont elle pourrait m'étrangler. Elle continue de sourire mais ses yeux expriment un tout autre message. C'est un peu déplaisant. Vous savez, dans Massacre à la tronçonneuse , lorsque le vieil homme sourit juste avant d'égorger la jeune fille ? Ouais, eh bien c'est un peu ça.
S½ur Beatrice lève les yeux.
– Nous sommes tous imparfaits aux yeux du Seigneur. Katherine, est-ce que je peux utiliser les toilettes, ma chère ? La nature a ses droits.
– Bien sûr, ma S½ur.
Elles se lèvent et Kate ouvre la porte des toilettes attenantes.
Dès que la porte se referme, la souriante Kate disparaît. La vilaine Kate prend sa place. Elle se dirige vers moi. Et les ballons s'envolent.
– Je vais te poser la question une fois et si tu me mens, je jure que je laisserai Delores t'empoisonner.
– Ok.
– Est-elle une vraie religieuse ? Ou bien une actrice que tu as embauchée ? Je me mets à rire. Je n'avais même pas pensé à cela.
– Non, c'est une vraie religieuse. Kate ne semble pas ravie.
– Mon Dieu, Zayn ! Une religieuse ? Une putain de religieuse ? C'est moche, même pour toi.
– Je pense même qu'elle est Mère Supérieure maintenant.
Je me penche plus près vers Kate parce que... bien, simplement parce que je peux... et le parfum de sa lotion me frappe. Dur. Je résiste à l'envie de poser mon nez sur sa peau et de sniffer comme un cocaïnomane.
– Est-ce qu'il existe un quelconque niveau dans lequel tu ne sombreras pas pour arriver à tes fins ?
Non, désolé, pas un seul. Cela m'est égal de me salir les mains. En fait, je préfère agir comme cela.
– Les temps sont difficiles... j'ai dû faire appel à la grosse artillerie.
– Tu veux voir des armes ? Dès que la religieuse sera partie, je vais t'en montrer des armes ! Je n'arrive pas à croire...
Dieu qu'elle est belle. Regardez-la. Elle ressemble à un volcan qui explose, féroce, ardente et époustouflante. Si elle ne trouve pas un moyen de s'enlaidir, je vais dépenser beaucoup de temps à l'emmerder. Ce qui au bout du compte ne serait pas une si mauvaise chose que cela. Le sexe sous le coup de la colère, c'est génial.
J'interromps la diatribe de Kate.
– Pour autant que cette conversation ait été émoustillante, et crois-moi elle l'a été, je dois partir en réunion.
Avant de partir, je fais un mouvement vers son cou nu.
– Pourquoi tu ne portes pas ton collier ?
Elle croise les bras et sourit fièrement.
– Je l'ai donné à s½ur Beatrice, pour les plus démunis.
Elle l'a bien joué là, non ? Je peux en faire autant.
– C'est très généreux. Évidemment, je devrai le remplacer. Par quelque chose de... plus gros. Tu devrais recevoir quelque chose demain.
Son sourire disparaît. Elle tape un ballon en sortant. Puis elle me claque la porte au nez.
J'attends deux secondes avant de lancer à travers la porte :
– D'accord, on se voit plus tard, Kate. Bonne conversation !
Depuis l'intérieur, j'entends la voix de s½ur Beatrice :
– Zayn est déjà parti ? Un garçon tellement gentil. Et dévoué aussi lorsqu'il met toute son énergie dans une tâche à remplir. Laissez-moi vous raconter la fois où il a désherbé le jardin du couvent. C'est une longue histoire mais nous avons tout l'après- midi devant nous. Il y avait une bagarre dans la salle à manger, vous savez...
*
* *
La circulation était horrible, dans les deux sens. Mais j'ai travaillé sur les détails avec le skywriter. Il se préparait lorsque je suis parti. Il me reste maintenant juste assez de temps pour aller dans le bureau de Kate et la conduire sur le toit. Si elle ne vient pas de son plein gré, je la porterai moi-même. Et je me sentirais beaucoup mieux à cette idée si j'avais un casque sur la tête. Kate aime donner des coups.
Je sprinte dans le hall et j'appuie sur le bouton de l'ascenseur. Mais ce que je vois lorsque la porte s'ouvre m'arrête net. Je me retrouve nez à nez avec La Garce et Mackenzie à ses côtés. Et dans les jolies petites mains de ma nièce, il y a des ficelles, une douzaine. Des ficelles qui sont reliées à des ballons. Les ballons de Kate.
– Putain !
– Bien, c'est une jolie façon d'accueillir ta charmante s½ur et sa fille.
Je l'ai dit à voix haute ? Tant pis. Putain de merde .
Mauvaise, très mauvaise nouvelle. Comme une tornade force cinq sauf que ma s½ur est capable de laisser encore plus de dégâts derrière elle.
– Coucou, oncle Zayn ! Je souris.
– Salut, mon c½ur ! Puis je fronce les sourcils. Que diable as-tu fait Doniya ? Ses yeux s'écarquillent innocemment. Comme si elle était surprise.
– Moi ? Je suis venue voir mon mari pour le déjeuner. C'est un crime ?
Quand j'étais au lycée, un gamin qui s'appelait Chris Whittle m'avait frappé au moment où je sortais du cours de trigonométrie. J'avais dragué sa petite amie. Elle avait des mains très habiles. Mais le lendemain, Doniya était allée voir Chris et l'avait fait chier dans son pantalon. Littéralement.
Vous voyez, selon le code de La Garce, elle peut me faire tout ce qu'elle veut mais
personne d'autre n'est autorisé à le faire. Vous comprenez maintenant pourquoi je suis inquiet ?
– Tu es allée voir Kate, non ? Mackenzie répond pour elle.
– Oui, oncle Zayn ! Elle est géniale. Elle m'a donné des ballons et une calculatrice, tu as vu ?
Elle me les montre en les levant au-dessus de sa tête comme s'il s'agissait d'une coupe et je ne peux pas m'empêcher de sourire.
– C'est magnifique, Mackenzie.
Puis je regarde de nouveau Doniya. Elle ne se montre pas intéressée.
– Tu as dit que tu voulais que Mackenzie rencontre Kate.
Si vous mettez deux femelles hamster enceintes dans la même cage, vous savez ce qu'elles feront ? Elles se mangeront l'une et l'autre. Les hormones chez la femme sont comme des ogives qui n'ont pas explosé. Il n'y a aucun moyen de dire à quel moment elles vont exploser.
– Oui, je voulais que Mackenzie rencontre Kate. Je ne voulais pas que tu la rencontres avant que je n'aie arrangé cette putain de situation.
Mackenzie sort mon copain le pot des gros mots de son sac à dos et me le tend. Je mets deux dollars. Elle colle son visage sur l'ouverture du pot et lève la tête en fronçant les sourcils.
– Hum... oncle Zayn ? Les gros mots ne coûtent plus un dollar. Ils coûtent dix dollars maintenant.
– Dix ? Depuis quand ? Elle est tout excitée.
– C'est Kate qui a eu l'idée. Elle dit que la maconomie est mauvaise. Qu'est-ce que c'est que ce mot ?
– Elle dit que ça s'appelle in... in...
– Inflation, termine Doniya avec un sourire.
– Ouais, c'est ça !
Inflation. Génial. Merci, Kate.
Je lève les sourcils en direction de Mackenzie.
– Vous prenez la carte American Express ? Elle rit. Je paie mon amende en espèces.
– Que dirais-tu d'ajouter le reste sur ta calculatrice, ma chérie ?
Elle va en avoir besoin. J'ai le sentiment que cette petite discussion va me faire passer aux trois chiffres.
Je demande à Doniya :
– Qu'as-tu dit à Kate ? Elle hausse les épaules.
– Nous avons parlé, entre femmes. J'ai fait appel à son sens des affaires. Cela s'est bien passé. Tu n'as pas besoin de connaître tous les détails.
– Pourquoi tu ne me laisses pas décider ce que j'ai besoin de savoir ? En partant du fait que tu n'aurais même pas dû lui parler.
La calculette fonctionne, tap tap tap.
– Quelle ingratitude ! J'essayais juste d'aider.
Le docteur Kevorkian (NA: Surnommé « Dr Death » il est connu pour avoir pratiqué le suicide assisté dans les cas médicaux graves). lui aussi essayait d'aider ses patients. Et nous savons tous comment cela s'est terminé.
– Je n'ai pas besoin de ton aide. J'ai un plan.
Doniya pose ses mains sur ses hanches.
– D'accord, et que suppose ton plan génial ? Ennuyer Kate jusqu'à ce qu'elle accepte de sortir avec toi ? Tu vas aussi l'appeler sur les terrains de jeu ? Tirer sur ses nattes ? Je dois reconnaître que s½ur Beatrice était une touche intéressante. Je n'arrive pas à croire que Kate n'en tombe pas sur les genoux en te suppliant de la reprendre après tout ça. Très romantique, Zayn.
Ma mâchoire se crispe.
– Cela fonctionne. Elle lève les sourcils.
– Ce n'est pas ce que Kate a dit.
Et voilà, regardez bien. La Garce dans toute sa splendeur. Et vous pensiez que j'exagérais.
– Est-ce qu'elle t'a dit quelque chose ? À mon sujet ? Qu'est-ce qu'elle a dit ? Elle a un rapide geste de la main.
– Oh, tout et rien.
Vous avez déjà vu des gamins qui s'amusent à taquiner leur chien en lui montrant un os et puis qui le lancent loin avant qu'il ne puisse l'attraper ? Ma s½ur était un de ces gamins-là.
– Putain, Doni.
Tap tap tap.
– Je l'aime bien, au fait, dit-elle. Elle n'accepte vraiment aucune merde ?
Tap tap tap.
– Comment tu sais qu'elle n'accepte aucune merde ?
Tap tap tap.
– Tu lui as donné de la merde, Doni.
Tap tap tap.
– Quel genre de merde tu lui as donné Doniya ?
Tap tap tap.
Elle rit.
– Dieu du ciel, détends-toi. Je ne t'ai jamais vu aussi atteint. Maintenant que tu n'es ni pathétique ni triste, c'est plutôt amusant.
Ma situation avec Kate en ce moment précis ressemble à un château de cartes. J'ai réussi à me construire quelques étages mais un seul petit tremblement et tout s'effondre.
– Si tu as tout foutu en l'air, je...
Tap tap tap.
– Tu sais que le stress provoque le vieillissement prématuré des cheveux qui deviennent gris. Si tu continues comme cela, tu vas ressembler à papa avant d'avoir trente ans.
– Je suis content que cela t'amuse autant. Moi non. Nous parlons de ma vie, ici.
Elle redevient tout de suite sérieuse. Elle incline la tête sur le côté pour m'évaluer. Et puis elle ne se moque plus de moi. Sa voix devient tendre et sincère.
– Je suis fière de toi, tu sais. Tu t'y tiens. Tu vas jusqu'au bout. Tu as... grandi. Elle sourit doucement.
– Je ne pensais pas voir ça.
Et puis elle me serre dans ses bras.
– Tout va bien aller, Zayn, promis.
Quand j'avais huit ans, mon grand-père a eu une crise cardiaque. Une fois que mes parents sont partis à l'hôpital, Doniya m'avait promis que tout allait bien se passer. C'était faux.
– Est-ce que Kate te l'a dit ? Elle hoche la tête.
– Pas avec ces mots-là.
– Alors comment tu sais ?
Elle hausse une nouvelle fois les épaules.
– C'est l'½strogène. Cela nous donne une perception extrasensorielle, si tu avais un vagin, tu le saurais aussi.
Mackenzie lève fièrement la main.
– J'ai un bagin. Je souris en coin.
– Oui, mon c½ur. Et un jour, cela va t'aider à gouverner le monde.
– Yaserny Fitzgerald a un pénis. Il dit que son pénis est mieux que mon bagin.
– Yaserny Fitzgerald est un idiot. Les vagins gagnent toujours contre les pénis. Ils sont comme en kryptonite. Les pénis sont sans défense face à eux.
Ma s½ur met un terme à notre discussion.
– Ok, cette jolie conversation a assez duré. Mais je suis sûre que l'enseignante en maternelle de Mackenzie appréciera beaucoup d'entendre tout ça. Juste avant d'appeler les services de protection de l'enfance.
Je lève les mains en geste d'excuse.
– J'essaie simplement de lui dire les choses telles qu'elles sont. Plus vite elle comprendra quel pouvoir elle a, mieux ce sera pour elle.
Je regarde ma montre, je dois monter. Je regarde Mackenzie.
– Quels sont les dégâts ma chérie ?
– Quatre-vingts dollars.
Aïe .
Je dois commencer à facturer davantage mes clients. Ou établir une sorte de plan de paiement.
Tandis que les billets tombent dans le pot, Doniya lui prend la main.
– Allez, Mackenzie, allons à la boutique de l'American Girl et dépensons un peu de l'argent d'oncle Zayn.
– D'accord !
Elles traversent le hall d'entrée mais s'arrêtent devant les doubles portes. Mackenzie murmure quelque chose à Doniya et lui donne ses ballons.
Puis elle revient vers moi en courant.
Je la soulève et la tiens contre moi tandis que ses petits bras entourent mes épaules et me serrent aussi.
– Je t'aime, oncle Zayn.
Vous avez déjà bu du cognac ? Habituellement, je préfère le whisky. Mais un bon verre de cognac vous réchauffe partout, de l'intérieur. C'est l'état dans lequel je me trouve à cet instant présent.
– Je t'aime aussi, Mackenzie. Elle se recule.
– Tu sais quoi ?
– Quoi ?
– Kate m'a demandé ce que je voulais faire lorsque je serais grande. Je hoche la tête.
– Et tu lui as dit que tu voulais être une princesse ? Son front se plisse joliment et elle secoue la tête.
– Je ne veux plus être une princesse.
– Bon, c'est un soulagement. Que veux-tu faire alors ? Elle sourit.
– Je veux être banquier.
– C'est un choix fantastique. Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? Elle joue avec le col de ma chemise et répond :
– Eh bien, Kate est une immense banquière. Et tu as dit que tu serais fier de moi si je suis comme elle. Alors c'est ce que je veux être.
Après avoir digéré ses mots, je lui demande sérieusement :
– Mackenzie ? Est-ce que tu as dit à Kate que j'avais dit que je voulais que tu grandisses pour lui ressembler ?
Vous voyez ce sourire ? Ce n'est pas celui d'une enfant de quatre ans. C'est, mesdames et messieurs, le sourire d'un génie.
– Oui.
Je ferme les yeux et je ris. Je ne peux pas croire que je n'y ai pas pensé moi-même. Mackenzie est l'arme parfaite. Mon propre bébé. Toute résistance est inutile .
– Mon c½ur, tu as fait une immense faveur à oncle Zayn. Pour Noël, tu as ce que tu veux, tu demandes et c'est à toi. Et je dis bien ce que tu veux.
Ses yeux s'écarquillent devant le champ des possibilités. Elle jette un regard à ma s½ur puis murmure avec un air conspirateur :
– Est-ce que je pourrai avoir un poney ?
Ouïe .
J'y pense pendant exactement une seconde.
– Absolument.
Elle se serre plus fort contre moi et crie :
– La seule chose... ne le dis pas à maman avant qu'il n'arrive, d'accord ?
Je devrai peut-être entrer dans le programme de protection des témoins après tout ça.
Mackenzie m'embrasse sur la joue et je la repose. Elle retourne vers Doniya et je leurs fait un signe de la main tandis qu'elles sortent.
TheLove-Game, Posté le mardi 29 décembre 2015 11:26
camille0169 a écrit : " "
ça c'est vraie ;)
merci pour ton com's ♥